03 juin 2025
5 min
Accessibilité numérique : pourquoi l’EAA ne doit pas devenir un RGPD-bis
À l’approche de la mise en application imminente de la directive EAA (European Accessibility Act) qui imposera aux entreprises de rendre leurs services numériques accessibles à tous, il est temps de repenser l’accessibilité non comme une contrainte mais comme une opportunité de créer un numérique plus humain et plus inclusif.

Nous avons des experts formés et à votre écoute !
Le 28 juin 2025, la directive européenne sur l’accessibilité (EAA) entre en vigueur. Une échéance majeure et pourtant encore largement méconnue.
Comme le RGPD en 2018, elle impose aux entreprises de repenser leur rapport à leurs utilisateurs, en l’occurrence ici, en garantissant un accès égal et inclusif aux services digitaux pour tous, y compris les personnes en situation de handicap.
C’est un progrès essentiel mais il y a un risque : que l’EAA suive le même chemin que le RGPD, subi, mal compris et donc mal appliqué.
Chez Adeliom, nous accompagnons depuis 15 ans des grandes entreprises dans la transformation de leurs dispositifs digitaux et nous commençons à voir les signes d’une approche déjà vue : recherche de conformité rapide, checklist minimales, délégation technique sans acculturation.
Comme la protection des données personnelles avant elle, l’accessibilité numérique risque d’être perçue comme une contrainte imposée de l’extérieur alors qu’elle devrait plutôt être envisagée comme un réflexe stratégique et une opportunité de mieux servir tous ses utilisateurs. La contrainte devient alors une opportunité et ce changement de paradigme fait toute la différence.
Le RGPD comme symptôme : un signal mal transformé
Pour faire le parallèle, le RGPD était (et reste) une avancée majeure pour les droits fondamentaux. Mais dans les faits, combien de projets digitaux ont réellement repensé leur architecture pour respecter la vie privée ? Trop peu.
Le plus souvent, le RGPD s’est réduit à des bandeaux cookies illisibles, des pages de politique confidentielles que personne ne lit et des consentements plus formels que sincères.
La faute n’en revient pas uniquement aux entreprises. Le texte est complexe, l’application logistique et technique encore plus et les délais étaient courts.
Mais le résultat est là : une opportunité ratée de guider un changement sociétal profond.
L’accessibilité numérique risque de subir le même sort
Chez Adeliom, on identifie trois dérives à éviter absolument :
- La conformité cosmétique : mettre en place des aménagements de surface (contrastes, tailles de texte) sans revoir les parcours, la structure ou les contenus.
- La délégation technique : confier le chantier à une équipe technique ou à un prestataire juridique, sans mobiliser les designers, les stratèges et les responsables contenus en interne.
- L’oubli des usages réels : penser uniquement en termes de normes et pas d’expérience utilisateurs. Or l’accessibilité n’est pas qu’un standard technique, c’est une exigence d’accueil de toutes les singularités.
Ce qu’il faut faire à la place : remettre l’accessibilité au cœur des projets digitaux
- Intégrer les questions d’accessibilité dès la phase de cadrage
- Former les équipes en interne : l’accessibilité ne doit pas reposer uniquement sur un référent ou un audit mais sur une engagement mutuel
- Créer une culture de la lisibilité, de la hiérarchie de l’information et du test utilisateur
- Penser l’accessibilité comme un levier de qualité générale, utile à tous : un site plus clair pour une personne dyslexique est aussi plus clair pour un internaute presséc
Un sujet d’autant plus essentiel dans un contexte d’essor de l’intelligence artificielle
Alors que l’IA prend une place croissante dans nos outils, nos interfaces et nos décisions, l’accessibilité nous rappelle une chose fondamentale : le digital doit rester un outil au service de l’humain.
C’est justement au moment où la technologie devient plus puissante qu’il faut redoubler d’attention sur l’inclusion, la lisibilité et la compréhension rendue possible pour tous.
Conclusion : une opportunité à saisir, pas une course contre la montre
La directive EAA est une formidable occasion de faire mieux, pour tous et pour longtemps.
Si on la traite comme un simple passage obligatoire, on répètera les erreurs du passé. Mais si on la saisit comme un levier de transformation, alors elle peut redonner au digital un sens trop souvent perdu : inclure, simplifier, servir.